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Nanterre et Politiques
31 janvier 2007

Forum Social Mondial : les ambiguïtés

FSMAssister au Forum Social Mondial à Nairobi est une expérience très riche. La place et la liberté de parole sont marquants. Le forum est un vaste espace de contestation. Il n'y a pas de resignation mais beaucoup d'élan et de dynamisme. Les témoignages sont très forts et les actions montrent que nombreux sont ceux qui veulent ébranler les puissants et trouver les ressorts de la justice. La place des femmes, des enfants, des migrants, le respect de leurs droits sont des préoccupations largement portées. Les problèmes de santé publique sont égalemet au coeur de nombreux débats et de nombreuses propositions.

Cependant, j'en reviens avec un goût étrange reposant sur mes fortes interrogations quant à la nature même du FSM. Cinq points principaux posent questions :

  • Le poids des mouvements religieux. Un nombre très important de participants le sont au titre d'une organisation religieuse. Ces mouvements sont omniprésents et tendent à édicter leur point de vue. Ainsi, lors d'un débat sur les moyens de lutte contre le SIDA, un groupe de religieuses sont très vigoureusement montées au créneau contre l'usage des préservatifs, au motif qu'ils favorisaient la dissolution des moeurs (sic).

  • L'emprise de l'anglais. Il est assez "amusant" de voir des groupes d'amérique du sud, par exemple, faisant la promotion de leurs positions radicalement anti-américaines, en anglais. Cela illustre la manière dont cette langue est devenu un outil majeur de la mondialisation (même altermondialiste). Comment résisterons-nous ?

  • La notion "attrape-tout" de mouvement social. J'ai parfois (souvent) été géné, durant le FSM, par la présence fortement visible d'organisations et de mouvements que je ne peux ranger dans la catégorie mouvement démocratique. C'est l'exemple du caractère "auberge espagnole" du FSM qui, de fait, cautionne aussi l'inaceptable.

  • Le "poujadisme" ambiant. Lorsqu'on est élu, il n'est pas vraiment bon de le faire savoir au sein du FSM. L'élu est souvent assimilé à "l'ennemi de classe" ou au "pourri". Certes on comprend bien que dans nombre de pays, les dirigeants ne prennent pas grande attention au fonctionnement démocratique et à l'équité. Il n'en demeure pas moins que, d'une manière générale, le discours majoritaire relève de ce que nous appelons en France le "poujadisme".

  • Le manque de transparence de l'organisation et de la "direction" du FSM. Je passe sur les graves défauts d'organisation. On a le sentiment, lorsqu'on participe au FSM, qu'il serait auto-généré et qu'il résulterait d'une sorte d'hydre libertaire. Bien évidemment, il n'en est rien ! Mais l'organisation ne s'affiche pas, ne se fait pas connaître, son fonctionnement est opaque et ses décisions apparaissent désincarnées. Il en résulte une grande difficulté à appréhender la réalité des débats, des enjeux et des directions où cela s'engage. Parfois, on en vient à se questionner : pour qui cela "roule-t-il" ?
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